Les révélations de l'Opus Tertium

Lazare

Le précieux texte découvert dans un cylindre caché dans la statue de Saint Venceslas sur le pont Charles à Prague livre ses secrets. Jusqu'ici mêlé à un faux destiné à brouiller les pistes, le fameux manuscrit de Voynich, il s'avère en fait être l'Opus Tertium de Roger Bacon.

L’Opus Tertium vise à ouvrir les yeux du Pape quant aux errements de l’Eglise manipulée par les sociétés occultes et à l’inciter à se rapprocher des réels héritiers de la sagesse de Jésus, dont il est question dans ce texte.

Jésus lui dit: Ton frère ressuscitera.
Je sais, lui répondit Marthe, qu'il ressuscitera à la résurrection, au dernier jour.
Jésus lui dit: Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi vivra, quand même il serait mort; et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela?
Elle lui dit: Oui, Seigneur, je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu, qui devait venir dans le monde.
...
Jésus frémissant de nouveau en lui-même, se rendit au sépulcre. C'était une grotte, et une pierre était placée devant.
Jésus dit: Otez la pierre. Marthe, la soeur du mort, lui dit: Seigneur, il sent déjà, car il y a quatre jours qu'il est là.
Jésus lui dit: Ne t'ai-je pas dit que, si tu crois, tu verras la gloire de Dieu?
Ils ôtèrent donc la pierre. Et Jésus leva les yeux en haut, et dit: Père, je te rends grâces de ce que tu m'as exaucé.
Pour moi, je savais que tu m'exauces toujours; mais j'ai parlé à cause de la foule qui m'entoure, afin qu'ils croient que c'est toi qui m'as envoyé.
Ayant dit cela, il cria d'une voix forte: Lazare, sors!
Et le mort sortit, les pieds et les mains liés de bandes, et le visage enveloppé d'un linge. Jésus leur dit: Déliez-le, et laissez-le aller.

L’évangile de Jean rapporte que Jésus ressuscita le malheureux Lazare, un ami mort de maladie, en un acte miraculeux. En vérité, il ne s’agissait en rien d’une intervention divine éveillant la chair, mais bien d’un rite accompli entre un maître et son disciple, animant l’âme et l’irriguant d’un savoir libérateur. La mort est celle de la vie profane, l’abandon de la condition commune pour gagner la sphère supérieure des secrets du Messie.

Car Jésus est le carrefour de tant d’espoirs, désirs et manipulations. Il est né avec son jumeau Thomas du flanc de Marie, Mère au service de la sororité des Charites, cherchant à bâtir la parfaite lignée qui engendrera un couple de jumeaux, un garçon et une fille, sauveurs du monde. Et son père, Joseph, fils de Jacob, cherchait lui aussi à accomplir un secret dessein, si bien qu’allant sous le nom de Nesher, il réunit dès le plus jeune âge de son fils les Douze apôtres voués à le servir.

Toutefois, échec donc que de voir paraître ces deux garçons mais les Révérentes placèrent leurs espoirs dans la progéniture de Jésus, lui choisissant pour compagne une Mère prometteuse, Marie-Madeleine, selon le programme méticuleusement établi par l’ordre Charite.

Mais Jésus, instruit de la destinée supérieure de ses enfants à naître, refusa de les abandonner aux plans des Révérentes. Ils devaient être éclairés et libérés par son propre savoir afin de vivre libres, aussi confia-t-il ses secrets à l’un de ses plus proches amis, lui faisant promettre qu’il éduquerait ses enfants si lui venait à disparaître. Cet ami, ce parrain désigné par Jésus, était Lazare.

Mais un désastre survint. Thomas usurpa Jésus dans la couche de Marie-Madeleine et le Messie de Lumière fut crucifié. Lazare découvrit la tromperie et refusa d’instruire l’enfant que portait marie-Madeleine. Dépositaire de la sagesse de Jésus, il fuit pourtant avec elle, au Mas des Salyens, et l’y abandonna, la laissant choisir sa propre route vers le Nord. Il était seul, initié, héritier du savoir brûlant du Messie. Il créa une petite communauté destinée à perpétuer cette gnose : les Lazares.

Au Vème siècle, le futur maître de la Loge, Sophronius Eusebius Hieronymus, entrevit la vérité que détenaient les Lazares et suspecta qu’ils possédaient les secrets de Jésus. Les Lazares eurent vent de l’intérêt de Hieronymus et tâchèrent de protéger leur héritage : deux femmes de l’ordre bâtirent l’histoire selon laquelle Lazare aurait été réssuscité par Jésus et qu’il aurait ensuite vécu à Chypre. Leur mystification affirmait également que le Lazare de Marseille n’avait rien à voir avec Jésus et qu’il n’était qu’un évêque homonyme du premier siècle. Les Lazares quittèrent alors Marseille pour Autun, protégés par les femmes de la communauté, les Soeurs-Marthes.

Sophronius Eusebius Hieronymus fonda ensuite la Loge (à laquelle appartiennent désormais les Compagnons de l’Oblat) et édifia ses principes fondamentaux sur ce qu’il avait saisi des mystères des Lazares. En cela, les Lazares sont les réels pères spirituels de la Loge, que certains Frères érudits identifient à une mythique Loge Première. Les enseignements de la Loge sont ainsi les pâles reflets de la sapience des Lazares, issue de Jésus.

Au VIIème siècle, l’Ekklêsia suspecta une activité occulte à Autun et captura Leodegar (Saint Léger), Lazare et évêque de la ville. Torturé, il ne révéla rien. Bien que membre des Lazares, il faisait partie du dispositif mis en place par les Soeurs-Marthes : un leurre volontairement laissé dans l’ignorance qui convainquit l’Ekklêsia qu’Autun ne recélait rien d’intéressant.

Au IXème siècle, les Lazares d’Autun suscitaient toujours la curiosité. Aussi la ville fut-elle attaquée par des Sarrasins guidés par un être maléfique nommé Ambiza puis des Normands dans les rangs desquels se trouvaient ces féroces guerriers et sorciers en quête d’immortalité, les Vivants. Ils ne trouvèrent rien et pensèrent eux aussi s’être trompés.

Au XII ème siècle, les Lazares convinrent que leur présence ne pouvait plus être cachée. Ils décidèrent de prétendre que les reliques de Lazare étaient conservées dans la cathédrale tout en laissant des indices entretenant la confusion entre le Lazare biblique et l’évêque marseillais. Toute recherche en ce sens aboutissait alors à la découverte que le Lazare d’Autun n’était pas celui ressuscité par Jésus mais une simple manipulation pour attirer les pélerins. Un chercheur occulte, à ce stade, aurait toutes les chances d’abandonner ses investigations, persuadé d’être tombé sur une fausse piste finalement très profane.

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Les Lazares sont peu nombreux et leur seul objectif est la transmission du savoir de Jésus reçu par Lazare.
Rejoindre les rangs des Lazares implique une terrible épreuve menant l’impétrant au seuil de la mort.
L’ordre est dirigé par le Légataire qui possède un Fils à qui il transmet ses connaissances. Le Jumeau, connu seulement du Légataire et du Fils, remplace le Légataire s’il venait à disparaître sans avoir passé son savoir au Fils.
Les Soeurs-Marthes protègent l’ordre, notamment par un important travail de désinformation. Elles mettent en place le Nazaréen, un pion abreuvé de pseudo-connaissances occultes sans intérêt destiné à être sacrifié si les Lazares étaient menacés.

Les Lazares restent à l’écart des intrigues et du pouvoir. Jésus est l’objet de leur vénération car il est pour eux porteur d’une parole divine réelle. Ils ne reconnaissent que les actes de Jésus rapportés dans la Bible, leur liturgie est réduite à sa plus simple expression et ils rejettent les Eglises d’Orient et d’Occident.

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