Iften rumine les souvenirs de son existence en tant qu'Hassan et sait que ses pas le guident en Irem là où il affronta les seigneurs de la ville, conquit sa reine et y ravit un objet qui devait le bouleverser à jamais. Il se remémore sa quête de l'arme d'Iblis pour défaire les Epées de Feu qu'il affrontait lors de ses joutes célestes, avec ses fidèles Hashishins. Il sait que cette cité recèle une partie de son histoire, trouble et héroïque.
Mais en cette heure, il ne s'ouvre pas de ces douloureuses visions à ces compagnons. Seul l'argument de la découverte de l'épée d'Iblis prime et il garde pour lui ce que la cité lui réserve de révélations et de comptes à rendre.
Les Trinités décident de s'emparer des miroirs découverts dans le désert et exposés dans le musée de Sanaa. Pendant trois jours, Simon, clope au bec, travaille à en produire des doubles crédibles dans un atelier de mécanique loué en urgence, tandis que ses compagnons établissent un plan pour pénétrer de nuit dans le bâtiment.
L'opération est un succès et les miroirs authentiques sont bientôt rangés avec un abondant matériel de survie dans le coffre d'un 4X4 qui fait route immédiatement vers la destination indiquée par Iften. Homme de voyage, expert des trajets au cœur du désert, Iften parvient à rendre acceptable cette hasardeuse expédition, d'autant qu'il semble disposer de mystérieux points de repères.
Arrivé au terme de leur trajet, à la frontière entre le Yémen, l'Arabie Saoudite et Oman, non loin de la cité d'Ubar censée correspondre au site de la mythique Irem au Mille Piliers, les Trinités ne découvrent rien. L'immensité de la mer de dunes dans laquelle elles se sont aventurées est d'une majestueuse et virginale monotonie. Rien n'y détonne. A perte de vue, les creux profonds et les vives crêtes de sable répondent à un ciel d'un bleu parfait. Bien qu'Iften semble sûr de lui, un sentiment d'intense solitude et d'hostilité s'installe. Et alors que le soir arrive et que le convoi s'apprête à s'installer, la sensation d'être piégé au cœur d'un océan bientôt en proie à la tempête devient de plus en plus nette. Quand la nuit tombe, un grondement obscur enfle et un coup d’œil depuis le sommet d'une dune haute comme un immeuble confirme toutes les craintes. Nul besoin d'être très sensible aux fluctuations du Karma pour percevoir qu'un mur de Ténèbres avale le désert à mesure que la lumière du jour reflue. C'est à un tsunami vorace qui déferle vers le campement pour bientôt l'engloutir, un mur de Ténèbres bruissantes et caquetantes.
Et rien ne peut l'empêcher. Pas plus qu'il n'est possible de stopper la course du soleil. Ajustant précipitamment les miroirs afin qu'ils se fassent face, les Trinités travaillent au jugé, baignées de chuchotements de Ténèbres, noyées dans cette nuit poisseuse qui vient de tomber lourdement, puant le désespoir. Pourtant, la magie séculaire opère et les miroirs d'Iften se regardent avec une intensité telle que le vent se lève, arrachant aux dunes des volutes et des tourbillons de sable et de poussière. A moins que tout l'environnement ne soit devenu subitement diaphane, flou et nébuleux.
Un halo pâle s'élève et joue avec les ombres qui semblent s'être partout épanchées comme du pétrole, fluide, prêt à s'embraser. Bientôt, sculptés dans la vapeur exhalée par la nuit, se déroulent les murs à redans d'une forteresse antique que percent, comme les fleurs éclosent, des portes monumentales aux montants de basalte. Merlons et créneaux y bourgeonnent comme des dents tandis que leur peau se couvre de motifs labyrinthiques aux tons de bleu nuit et de rouge sang. La masse fumante de ce chantier convoqué par de si anciens souvenirs s'affaire à dessiner lignes, arches, plans, colonnes, volumes, tours, ellipses et extrait du chaos une cité immense plantée au cœur du néant. Une ville qui tient du fantasme de Babylone et de Damas, d'Uruk et de Ctésiphon dont les temples, palais, jardins, allées majestueuses, rues commerçantes, venelles secrètes se devinent derrière les vantaux entrebâillées de la colossale entrée qui trace une formidable gueule béante devant le 4X4 de l'équipe.
Irem aux Mille Piliers. Façonnée et intoxiquée de Ténèbres ouvre ses portes à son roi et sa suite et propose, comme elle l'a toujours fait, ses trésors à qui osera les réclamer.
Et rien ne peut l'empêcher. Pas plus qu'il n'est possible de stopper la course du soleil. Ajustant précipitamment les miroirs afin qu'ils se fassent face, les Trinités travaillent au jugé, baignées de chuchotements de Ténèbres, noyées dans cette nuit poisseuse qui vient de tomber lourdement, puant le désespoir. Pourtant, la magie séculaire opère et les miroirs d'Iften se regardent avec une intensité telle que le vent se lève, arrachant aux dunes des volutes et des tourbillons de sable et de poussière. A moins que tout l'environnement ne soit devenu subitement diaphane, flou et nébuleux.
Un halo pâle s'élève et joue avec les ombres qui semblent s'être partout épanchées comme du pétrole, fluide, prêt à s'embraser. Bientôt, sculptés dans la vapeur exhalée par la nuit, se déroulent les murs à redans d'une forteresse antique que percent, comme les fleurs éclosent, des portes monumentales aux montants de basalte. Merlons et créneaux y bourgeonnent comme des dents tandis que leur peau se couvre de motifs labyrinthiques aux tons de bleu nuit et de rouge sang. La masse fumante de ce chantier convoqué par de si anciens souvenirs s'affaire à dessiner lignes, arches, plans, colonnes, volumes, tours, ellipses et extrait du chaos une cité immense plantée au cœur du néant. Une ville qui tient du fantasme de Babylone et de Damas, d'Uruk et de Ctésiphon dont les temples, palais, jardins, allées majestueuses, rues commerçantes, venelles secrètes se devinent derrière les vantaux entrebâillées de la colossale entrée qui trace une formidable gueule béante devant le 4X4 de l'équipe.
Irem aux Mille Piliers. Façonnée et intoxiquée de Ténèbres ouvre ses portes à son roi et sa suite et propose, comme elle l'a toujours fait, ses trésors à qui osera les réclamer.
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