Eretria, Jardin du Lion


Eretria est un Jardin du Lion évoquant une petite île méditerranéenne balayée par le vent et cuite par un soleil pourtant à peine visible dans le ciel laiteux. Une mer d'un bleu profond et constamment nimbée de brume enserre une péninsule d'environ 15 km de côté délimitée au nord par un isthme qui s'ouvre sur un continent inexploré. Les bords de la péninsule sont des falaises escarpées et la périphérie de ce domaine est stérile, sa terre pelée jusqu'au roc et sa végétation intoxiquée. L'intérieur des terres est plus accueillant et quatre collines de quelques centaines de mètres d'altitude délimitent une zone fertile où vivent les 300 personnes qui composent la population d'Eretria.

Une longue allée de marbre banc relie la porte du Seuil à la colline du Palais Royal, une construction massive aux allures de temple dorique dont le double péristyle est ouvert à tous les vents. Un trône brisé est placé en son centre, entouré de douze sièges de pierre placés au pied d'autant de colonnes rayonnant autour du centre du bâtiment. Les trois autres collines sont surmontées de la Maison des Moissons, un temple plus modeste où sont péniblement acheminées les récoltes à dos d'homme ; la Maison de chasse, un bâtiment de bois et de terre hétéroclite affectant la forme d'un navire où sont traités le gibier et ses produits et où s'entraînent les guerriers locaux ; la Maison de l'Au-delà, temple primitif aux parois de pierre aveugles.

Les habitants d'Eretria sont des proto-Grecs, peut-être liés aux Mycéniens, travailleurs et paisibles, empreints d'une certaine naïveté résignée face à la difficulté de leur situation. Il est difficile de croire que cette population puisse survivre dans un environnement aussi pauvre et étriqué. Essentiellement agriculteurs et pasteurs de chèvres, ils comptent dans leurs rangs quelques artisans et une poignée d'hommes et de femmes disposant d'une autorité traditionnelle : le sage Likourgos de la Maison de l'Au-delà, détenteur du savoir ; le vif Drakon de la Maison de Chasse, gardien d'Eretria ; Daphné de la Maison des Moissons, intendante des ressources du domaine et guérisseuse ; Kratos, l'armurier.

Les Eretriens ont perdu leur roi, décrit comme un être aux pouvoirs immenses qui régnait sur leur terre et sur d'autres. Il est censé s'être sacrifié il y a des temps immémoriaux, se jetant dans les flammes pour sauver ce qui pouvait encore l'être. Si la vie en Eretria est pénible, au moins a-t-elle le mérite d'avoir perduré grâce à lui. Se considérant en guerre, les Eretriens vivent dans la crainte permanente de voir leur modeste domaine envahi par les hommes oiseaux qui tentent de forcer la porte du Sud lors des tempêtes qui frappent chaque soir. Ils surveillent également activement leur frontière nord car le désert abrite des hommes oiseaux avec lesquelles les escarmouches sont nombreuses. Tous sont persuadés que le retour d'un roi signifiera la fin de cette interminable résistance et l'avènement d'une ère de prospérité.

Les Eretriens ont une perception du temps altérée. Ils évoquent leur propre passé avec difficulté comme s'il remontait à des siècles et s'était dissous dans leur souvenir, érodé par la répétition des rites, des mêmes gestes et des mêmes journées. Ils semblent incapables d'enfanter et la mort est rare, uniquement accidentelle. Leur vie entière est une attente, un suspens, coincé entre un passé mythique dominé par la figure du Roi bienveillant et la perspective de son retour. Entre les deux, le statu quo, l'expectative et l'observance scrupuleuse des rites, notamment celui du Tonnerre.

Chaque soir, alors qu'une tempête sans cesse renouvelée frappe et secoue les fondements mêmes du Jardin, douze hommes d'expérience se rendent à l'extrémité sud de la péninsule, sur un dôme rocheux à quelques pas de la falaise, et réalisent dans l'obscurité le Rite du Tonnerre visant à préserver Eretria de la destruction. Douze guerriers prennent au même moment position face à la proche porte de pierre qui constitue le Seuil vers l'Arène et se tiennent prêts à repousser les assauts des hommes oiseaux qui parfois profitent du Tonnerre et des faiblesses de la porte pour la franchir.

Les Eretriens sont toujours parvenus à limiter les dégâts et ont toujours repoussé les hommes oiseaux, parfois au prix de quelques contusions et fractures, mais jamais de mémoire d'homme le moindre mort ne fut à déplorer. Un bilan que l'on constate également au nord, les accrochages débouchant systématiquement sur des manœuvres d'intimidation et le repli des deux parties.

Le rite semble avoir pour effet de bouleverser sensiblement la configuration du Jardin. Alors que la tension des lignes de force sous-jacentes atteint un point critique et que le monde est prêt à se déchirer, Eretria tout entière paraît se déplacer et redisposer ses lignes telluriques pour aboutir une situation plus apaisée et équilibrée. L'ouverture volontaire de la porte par Philibert a montré que cette situation de tension allait de pair avec l'excitation extrême de l'incendie de l'Arène, comme si la colonne de flammes explosait et s'apprêtait et s'engouffrer dans le Jardin. Mais le rite génère une sorte de déplacement qui, chaque soir, détourne le Jardin de la catastrophe.

Likourgos et Drakon font constamment référence au voyageur Momoros, le druide ayant désigné à son frère, le roi Atepomaros, le lieu de fondation de Lyon. Ce fameux Momoros a rencontré plusieurs fois les Eretriens, notamment Likourgos et l'aveugle Koros auxquels il a confié des cartes, un poinçon d'horlogerie (pour Koros) et un gousset, avec le monogramme RF, marquant l'heure et le jour de l'inauguration de la Tour métallique qui défie la basilique de Fourvière. Il est également établi que les Eretriens livrent à Momoros des pierres récoltées par les chasseurs dans le désert du nord au péril de leur vie. De lourds galets d'un rouge profond. Momoros est censé tout savoir de ce monde et des autres, il connaît les portes et les mystères de l'univers. On dit que c'est lui qui a enseigné le rite du Tonnerre aux hommes et que c'est lui mènera un nouveau roi sur le trône d'Eretria.

Bien qu'il ait confié son "médaillon" à Likourgos afin qu'il le remette  de nouveaux voyageurs selon des terres bien précis,  Momoros ne s'est pas manifesté depuis longtemps : les chasseurs n'ont pas signalé sa présence lors de leurs derniers voyages à la lisière du désert.

Le médaillon de Momoros, destiné au roi et à ses conseillers : Philibert Basileus, Iftin Emporos, Mickaël Strategos et Simon Oikodomos. Manipuler ses 4 remontoirs et ses sept aiguilles a la propriété de bouleverser localement les flux de Karma.

La carte du monde idéal telle que décrit par Momoros.

La carte du champ de bataille depuis le début de la guerre.



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